Mon expérience avec le Secrétariat de l’Union du Fleuve Mano, en particulier avec les femmes commerçantes en zones transfrontalières a clairement fait transparaître les défis auxquels les femmes en Sierra Leone sont confrontées. Leur niveau d’alphabétisation est faible. Leur manque de connaissances techniques et professionnelles et leur accès aux services de développement des affaires et financiers demeure aujourd’hui limité. Elles peuvent seulement à distance acquérir des marchés, y compris les femmes venant des pays voisins, elles-mêmes membres de l’UFM (Liberia, Guinée et Côte d’Ivoire). Désormais, il était important pour le Secrétariat du Fleuve Mano de les mettre en contact avec les femmes commerçantes en zones transfrontalières de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), elles-mêmes confrontées à des défis similaires. Par le passé, un guide simplifié portant sur les tarifs douaniers et les procédures d’immigration avait été développé en Afrique de l’Est, pour soutenir le commerce transfrontalier. Je suis ravie d’être en mesure de promouvoir ce guide dans la région du Fleuve Mano, et actuellement dans le cadre de l’Expo Sud-Sud à New York.
L’approche de la CEA a été adaptée et répliquée dans l’espace de l’UFM. Le Secrétariat de l’UFM a initié dans ce sens une expérience pilote avec les pays membres, et tente d’inclure progressivement les autres pays représentant la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDAO). De mon point de vue, les initiatives visant l’apprentissage mutuel peuvent être très gratifiantes.
Les représentants de l’UFM et les femmes commerçantes en zones transfrontalières issues des Etats membres de la même Union ont débuté leur travail dans le cadre d’un voyage d’études à Arusha, en Tanzanie, où siège le Secrétariat de la CEA, et ont ainsi eu l’opportunité de visiter le poste frontalier. Les membres de la délégation étaient ravis d’entendre les femmes entrepreneures tanzaniennes au sujet de leur expérience en matière de commerce transfrontalier et de « réseautage ».
La CEA a développé un guide utilisé par les femmes entrepreneurs ayant pour titre: “Guide Simplifié pour les micro- et petites commerçantes transfrontalières, et les fournisseurs de services dans la Communauté Est africaine (« Guide Simplifié Court »). Il a été développé en mettant l’accent sur le contexte économique et légal du commerce transfrontalier en Afrique. La réplication d’un tel guide a impliqué la conduite d’analyses contextuelles de la situation des femmes commerçantes de l’UFM. L’OIT et les experts de la Plateforme de Commerce des Femmes d’Afrique de l’Est (Plateforme PCFAE) ont pu donc soutenir l’UFM à travers cette initiative. Par conséquent, davantage de pays se sont engagés dans une coopération Sud-Sud et triangulaire en utilisant différents outils de communication et de formation (y incl. une application mobile), plus pratiques et plus utiles que la version papier et les sessions d’information portant sur les règles de commerce et de régulation pour les femmes commerçantes en zones transfrontalières.
L’OIT a contribué aux différentes étapes de cette expérience pilote. L’OIT a fourni les informations relatives aux contraintes du commerce transfrontalier, a prodigué des conseils afin de mieux le formaliser, et a soutenu le renforcement des capacités des femmes commerçantes engagées dans le commerce transfrontalier, en particulier en terme d’utilisation du guide. Cela a permis de promouvoir l’accès à une large palette de services financiers. Ce faisant, cette initiative a facilité la consolidation et le renforcement des initiatives des autres partenaires. Le projet vise à renforcer la coopération Sud-Sud et triangulaire entre la Communauté d’Afrique de l’Est et l’UFM en collaboration avec l’OIT, et couvre à proprement parler les questions de migration, des Etats fragiles et des Communautés Economiques Régionales (CRE).
Après la première étape du processus, les réseaux et l’échange de connaissances entre l’UFM et ses homologues de l’Afrique de l’Est devraient être intégrées. Une opportunité est de développer le commerce de beurre de Karité dans l’espace de l’UFM. Les femmes commerçantes en zones transfrontalières dans la CEA ont désormais une approche structurée et viable qui pourrait être facilement transférable et adapté aux pratiques des femmes commerçantes en zones transfrontalières de l’UFM. Les femmes sont impatientes de finaliser la version du « Guide Simplifié » pour le cas de l’UFM. Au bénéfice d’une expérience avec des communautés pauvres, en particulier sur l’autonomisation des femmes avec différentes organisation (y inclues l’OIT, le FNUAP, et Oxfam en tant que Chef d’Equipe de la communauté travaillant à la promotion des activités de subsistance et de santé des femmes et des filles), je me réjouis beaucoup de faire partie de ce projet. Je crois que l’autonomisation économique des femmes est le but ultime de cette initiative !
Ms. Nyaibor Ngombu, Union du Fleuve Mano (UFM)